Par Karima Rhanem
Morocco World News
Lundi 3 novembre 2014 – 00:36
Bruxelles – Une délégation d’une quinzaine de personnes, représentant la société civile marocaine, s’est rendue lundi 13 Octobre au siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles pour une journée d’étude sur la mission de l’OTAN et sa collaboration avec le Maroc.
Organisée par le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, cette visite, première de ce genre avec la société civile d’un Etat membre du Dialogue Méditerranéen (DM), illustre la position privilégiée du Maroc auprès de l’OTAN.
Lors de son discours introductif sur les transformations de l’OTAN et l’Ouverture vers les Pays Méditerranéens et du Moyen Orient, Nicola de Santis, chef de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord auprès de la division des Affaires Politiques et de la Politique de Sécurité de l’OTAN, a salué le rôle que joue le Maroc dans le renforcement de la coopération régionale depuis qu’il s’est joint au Dialogue Méditerranéen en 1994.
« Le Maroc est un partenaire stratégique pour l’OTAN, et l’un des pays partenaires du DM les plus actifs aussi bien sur le plan politique que sécuritaire, » confirme De Santis
Pour sa part, Anas Alami-Hamedane, Conseiller à la Mission du Royaume du Maroc auprès de l’UE en charge de l’OTAN et des questions sécuritaires, a donné un bref aperçu sur les relations entre le Maroc et l’OTAN sur les plans politique, militaire et pratique. Il a souligné, par ailleurs, que le Maroc ne cesse de renforcer l’équilibre entre le dialogue politique et la coopération pratique au sein du DM.
Concernant la coopération militaire, le Maj. Halil Pulat, Personnel Militaire International lié à l’OTAN a précisé que l’OTAN a une excellente coopération militaire avec le Maroc. Ce dernier a participé à 42 activités en 2012 et 52 en 2013.
« Le Maroc et la Jordanie participe régulièrement aux travaux des réunions du comité militaire de l’OTAN, » confirme Pulat. « L’OTAN a aussi effectué un escale à Casablanca du deuxième groupe maritime permanent de l’OTAN en Octobre 2013, » rajoute Pulat
Il est à rappeler que l’OTAN mène déjà des exercices militaires réguliers avec le Maroc ainsi que des manœuvres, et des démonstrations pour découvrir des mines dans la mer avec la marine royale marocaine
Le Maroc contribue aussi aux opérations de maintien de paix menées par l’OTAN à savoir : la mission de la SFOR en Bosnie, la mission de la KFOR au Kosovo, l’opération « Active Endeavour » (OAE) de lutte contre le terrorisme en Méditerranée menée dans le cadre d’un mandat des Nations Unies depuis 2001, et l’opération Unified Protector, destinée à protéger le peuple libyen conformément au mandat donné par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Pulat rajoute « qu’un programme de partenariat individuel est développé entre le Maroc et l’OTAN, tout en soulignant que le Royaume participe à la plateforme d’interopérabilité avec l’OTAN depuis Juillet 2014 en plus d’autres actions visant le renforcement de la sécurité atlantique et la coopération régionale.
Plusieurs sujets chauds ont été abordés par la société civile marocaine avec les différents responsables de l’OTAN à savoir : les perspectives des relations Maroc-OTAN, le dialogue Méditerranéen, la coopération avec la société civile dans les différentes opérations de l’OTAN surtout celles du maintien de la paix et la sécurité, le processus de consultation et de prise de décision, la lutte contre le terrorisme, la piraterie maritime, la cybercriminalité, la coopération militaire, le ISIS, la situation en Libye, en Syrie, en Iraq, en Afghanistan, en Ukraine, au Kosovo, et au Sahel, l’approche genre dans les opérations, la coopération pour la protection des civiles et des victimes de conflits, les défis émergents de la sécurité, la diplomatie préventive et la diplomatie publique.
En ce qui concerne la politique genre de l’OTAN, Mme Yvette Langenhuizen du Bureau du Secrétaire Général pour les Femmes, la Paix et la Sécurité a précisé que le prochain exercice OTAN de gestion de crise en 2015 intégrera pour la première fois la dimension de genre dans ses objectifs.
L’OTAN et ses partenaires prennent des mesures en vue de favoriser la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution plaide pour que les femmes participent pleinement et sur un pied d’égalité aux efforts menés à tous les niveaux, depuis les premiers stades de la prévention des conflits jusqu’à la reconstruction post-conflit, en passant par le maintien de la paix et de la sécurité.
En juin 2014, le plan d’action visant à intégrer la résolution 1325 et les résolutions connexes dans les opérations et missions dirigées par l’OTAN a été remplacé par un plan d’action global devant permettre de mettre en œuvre la politique la plus récente concernant les femmes, la paix et la sécurité.
Il est à rappeler qu’une consultation a été menée avec la société civile des différents pays membres et non membres de l’OTAN et que l’alliance a sérieusement pris en considération leurs recommandations illustrées aujourd’hui dans son nouveau document stratégique.
« Nous donnons une grande importance aux avis de la société civile et nous envisageons créer un comité consultatif de la société civile suite à notre plan d’action 2015, » précise Yvette Langenhuizen
« L’Alliance a pour objectif la promotion du rôle que peuvent jouer les femmes dans la vie politique et au sein de l’armée, et d’améliorer la coopération avec les pays partenaires et avec les autres organisations internationales, » ajoute Mme Langenhuizen
Pour sa part M. Mihai Carp de la Division des Opérations explique que « la coopération avec la société civile est importante surtout s’il s’agit d’une opération sur terrain. L’Afghanistan en est témoin.
« L’Afghanistan est un bon exemple parceque nous avons appris beaucoup de leçons surtout au niveau de coopération avec tous les acteurs y compris la société civile. C’est l’une des plus grandes missions qui a rassemblé une coalition de 50 pays de différents alliés et non alliés. Nous avons eu une expérience opérationnelle considérable de travail commun, » explique Carp. « Dans les opérations dans les Balkans, l’OTAN a collaboré avec les ONGs dans le terrain mais pas au niveau stratégique, » rajoute-il.
Outre que la coopération politique et militaire, l’OTAN s’intéresse aussi à la recherche scientifique pour faire face aux nouveaux défis sécuritaires. M. Michael Rühle, Chef de la Section Sécurité Energétique, Division des Défis de Sécurité Emergents, a expliqué le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS) de l’OTAN.
Environ 51 activités ont été lancées en 2013, toutes axées sur les réponses à opposer aux défis de sécurité émergents (contre-terrorisme, cyberdéfense, résilience face aux armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires).
Pour ce qui est de l’avenir de l’OTAN, une rencontre spéciale a été organisée avec S.E.M. Monsieur Miguel Aguirre de Carcer, le représentant permanent de l’Espagne auprès du Conseil de l’Atlantique Nord. Il a évoqué les opérations en Afghanistan, la crise en Ukraine et la situation sécuritaire au Sahel et en Moyen Orient.
Il a insisté sur « la nécessité d’avoir une stratégie multidisciplinaire qui inclut tous les parties prenantes dans le conflit pour pouvoir résoudre les problèmes par voix de dialogue. » « Il faut maitriser les conflits pour qu’ils ne se transforment pas en conflits régionaux ingérables, » souligne de Carcer.
Le diplomate Espagnol a aussi soulevé le défi financier qui est devenu plus délicat avec la crise économique. Les opérations de l’OTAN demandent un financement considérable et un grand effort pour obtenir les capacités d’entrainement et de maintenir l’efficacité de l’exercice militaire. Un seuil de 2% du PIB des pays membres de l’OTAN a été lancé pour pouvoir assurer la durabilité des actions. Néanmoins avec la crise financière, seulement 4 pays répondent favorables. Les Etats Unis demeurent le seule pays qui offre la plus grande contribution au niveau financier, technologique et expertise.
Des questions d’ordre bilatéral concernant le Maroc et l’Espagne, la question du Sahara, l’affaire Ceuta et Mellila ont été posées par les représentants de la societé civile marocaine au diplomate Espagnol. Politically correct, ce dernier s’est abstenu de répondre à des questions qui ne relèvent pas de ses compétences et insiste « qu’il n’ya rien de prioritaire pour le gouvernement espagnole que d’assurer le bon voisinage avec le Maroc et de renforcer non seulement la coopération entre gouvernements des deux pays mais aussi celles avec la societé civile ».
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